Le
diabète insipide néphrogènique est une maladie rare, à
caractère héréditaire, caractérisée par une incapacité du rein
à concentrer les urines malgré un taux élevé d’ADH, suite à
une résistance du tube collecteur à l’action de cette hormone.
Il
existe différent type de diabète insipide néphrogènique:
- Le diabète lié à une mutation du gène du récepteur V2 de l'ADH de transmission liée à l’X qui le rend structurellement inactif ou non exprimé dans les membranes cellulaires. La cascade de l’AMPc ne pouvant plus être activée, l’AQP2 n’est plus présente dans la membrane apicale des cellules du tubule collecteur.
(90% des cas)
- Le diabète lié à des mutations du gène de l’AQP2 de transmission autosomique récessive ou autosomique dominante (identifiées pour la première fois par Peter M.T Deen )
- Le diabète lié à des mutations du gène de l’AQP2 de transmission autosomique récessive ou autosomique dominante (identifiées pour la première fois par Peter M.T Deen )
- Mutation du gène AVPR2 sur le chromosome X
La
cause de ce diabète est une anomalie du récepteur de type
V2 de l’ADH.
Ce
récepteur, dont le gène (AVPR2) est localisé sur le chromosome
X en position Xq28 (voir figure 1), est présent au niveau
du tube collecteur du rein.
Ce gène
est composé de 1163 nucléotides, dont 1113 nucléotides
constituent le cadre de lecture, soient 371 acides aminés.
C’est
ce gène qui permet l’action de l’ADH sur le rein dont plus de
200 mutations ont été décrites (délétions, insertions,
mutations faux sens, non-sens). Ces mutations peuvent être à
l’origine soit d’une anomalie, soit d’une absence de ce
récepteur V2. (voir figure 2)
Le
tube collecteur est alors insensible aux effets de l’ADH.
En
raison de son mode de transmission génétique, cette forme de
diabète touche les garçons. Des filles dîtes « transmettrices »,
c’est-à-dire ayant un de leurs deux chromosomes X porteurs d’une
mutation de l’AVPR, peuvent cependant présenter un certain degré
de polyurie.
Figure 2 Représentation schématique du récepteur V2 de la vasopressine et identification de 72 mutations. Le récepteur est représenté avec ses 371 acides aminés et ses sept passages transmembranaires. Les 72 mutations incluent 36 mutations faux-sens, 10 mutations non-sens, 18 mutations avec décalage du cadre de lecture, 2 délétions en phase (sans décalage), 1 mutation d'épissage et 5 grandes délétions. Les symboles rouges des acides aminés indiquent la localisation des mutations. L'astérisque indique deux mutations différentes dans le même codon. |
- Mutation du gène de l'AQP2
Cette
mutation, située sur le chromosome
12, entraîne un dysfonctionnement de
l'AQP2, perturbant le transport de l'eau dans les cellules
du tube collecteur.
La
mutation du gène AQP2 peut s'exprimer sur un mode de
transmission dominant ou bien récessif (le
plus souvent).
Comment se traduit la mutation à l'état récessif?
Normalement,
la forme tétramérique de l'aquaporine 2 (et des autres) s'acquière
au cours de sa maturation intra-cytoplasmique (dans le réticulum
endoplasmique, puis dans l'appareil de Golgi).
La
mutation des 2 allèles empêche l'oligomérisation (étape de
formation des tétramères) de la protéine aquaporine, ce qui
la bloque dans le réticulum endoplasmmique. Celle-ci ne peut donc
plus continuer sa maturation dans l'appareil de Golgi,
les protéasomes sont
alors chargés de dégrader ces protéines défectueuses. Ainsi, on
ne les retrouve pas dans le rein, ce qui est à l'origine du diabète
insipide néphrogénique.
Comment se traduit la mutation à l'état dominante?
Ce
n'est que plus récemment que l'on a montré des mutations
du gène AQP2 de type "dominante".
Cette
mutation sous sa forme autosomale dominante n'empêche pas la
formation des tétramères des aquaporines (comme un des allèles de
AQP2 est sain). Cependant, le complexe protéique reste bloqué dans
l'appareil de Golgi et ne peut donc pas être incorporé dans la
membrane cellulaire.
Il
s'agit d'un exemple rare de la maladie, où la perte de fonction est
liée à une perturbation du trafic intracellulaire de la protéine
et non à une absence de fonction de celle-ci (comme dans l'exemple
de la récessivité).
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